Enquête mensuelle de conjoncture

Enquête mensuelle de conjoncture – Début avril 2023

Mise en ligne le 11 Avril 2023

La Banque de France publie des enquêtes de conjoncture : un diagnostic sur l’économie française, sous la forme d’indicateurs de climat des affaires et de prévisions à court terme. L’Enquête Mensuelle de Conjoncture, chaque début de mois, décrit la situation conjoncturelle du mois précédent et prévoit le PIB trimestriel, grâce aux réponses de 10 000 dirigeants d’entreprise.

Sur le premier trimestre 2023, l’activité s’est montrée résiliente. Selon les chefs d’entreprise participant à notre enquête (environ 8 500 entreprises ou établissements interrogés entre le 29 mars et le 5 avril), l’activité a progressé en mars dans l’industrie, les services et le bâtiment.

Pour avril, les entreprises anticipent une nouvelle progression dans l’industrie et les services, et un repli dans le bâtiment.

La détente sur les difficultés d’approvisionnement se poursuit dans le bâtiment (20 % des entreprises les mentionnent en mars, après 24 % en février) et dans l’industrie où 30 % des chefs d’entreprise les mentionnent (après 33 % en février). Les prix des matières premières sont jugés stables en mars. Les chefs d’entreprise indiquent également un ralentissement de leurs prix de vente des produits finis, sauf dans l’agro‑alimentaire où la hausse des prix reste élevée. Les difficultés de recrutement restent stables et concernent environ la moitié des entreprises (52 %).

Notre indicateur d’incertitude est inchangé dans les trois grands secteurs par rapport au mois précédent, à des niveaux encore élevés par rapport à ceux qui prévalaient avant 2020. La situation de trésorerie se redresse pour le deuxième mois consécutif dans l’industrie tandis qu’elle se dégrade dans les services.

Concernant les conséquences de la situation énergétique, l’opinion remontée par les chefs d’entreprise se stabilise, 29 % d’entre eux indiquent un impact sur leur activité au cours des trois prochains mois (après 29 % en février et 33 % en décembre) ; dans l’industrie, cette proportion continue de décroître (32 %, contre 40 % en décembre).

Sur la base des résultats de l’enquête, complétés par d’autres indicateurs, nous estimons que la progression du PIB au premier trimestre 2023 s’établirait autour de + 0,2 % par rapport au trimestre précédent. Cette révision en hausse s’explique par des évolutions favorables des indices de production industrielle pour février et de production dans les services pour janvier, publiés par l’Insee.

1. En mars, l’activité progresse dans l’industrie, les services et le bâtiment

En mars, l’activité progresse dans l’industrie. Les soldes d’opinion indiquent une amélioration marquée de la production dans les produits informatiques, électroniques et optiques, ainsi que dans l’automobile, l’aéronautique, et les machines et équipements. Elle s’inscrit en revanche en net recul par rapport au mois précédent dans la chimie, l’agro‑alimentaire et le bois‑papier‑imprimerie.

Image Opinion sur l'évolution de l'activité
Opinion sur l'évolution de l'activité dans l'industrie, les services marchands et le bâtiment

Les stocks évoluent peu en mars mais restent jugés au‑dessus de leur moyenne de long terme.

Image Situation des stocks de produits finis dans l'industrie
Situation des stocks de produits finis dans l'industrie

Dans les services marchands, l’activité progresse à un rythme toujours soutenu. Cette évolution concerne plus particulièrement la location automobile, ainsi que la plupart des services aux entreprises (conseil de gestion, activités juridiques et comptables, services techniques). Dans les services de transports et d’entreposage, l’activité se contracte pour le troisième mois consécutif, d’autant qu’elle a aussi été affectée par les mouvements sociaux. Pour cette même raison, l’activité aura été stable dans la restauration, alors que les chefs d’entreprise anticipaient le mois dernier une progression de l’activité. Dans l’hôtellerie, l’activité est restée dynamique à ce stade, même si une partie des chefs d’entreprise font part d’une certaine inquiétude pour la saison à venir.

L’activité s’améliore dans le bâtiment, essentiellement grâce au dynamisme du second œuvre. Ce résultat s’avère meilleur que les anticipations formulées par les chefs d’entreprise le mois dernier.

Pour le deuxième mois consécutif, l’opinion sur la situation de trésorerie se redresse légèrement dans l’industrie, à un niveau toutefois encore inférieur à sa moyenne de long terme. Cette amélioration est plus marquée dans l’aéronautique, les produits informatiques, électroniques et optiques, ainsi que dans la pharmacie. Elle se dégrade de nouveau dans les services en mars, tout particulièrement dans la restauration.

Image Situation de trésorerie
Situation de trésorerie dans l'industrie et les services marchands

2. En avril, selon les anticipations des entreprises, l’activité enregistrerait une nouvelle progression dans l’industrie et les services, et se replierait dans le bâtiment

Pour le mois d’avril, dans l’industrie, les chefs d’entreprises anticipent une progression dans l’ensemble des secteurs. Les plus fortes progressions sont attendues dans l’aéronautique, la chimie, la pharmacie, et les produits informatiques, électroniques et optiques.

Dans les services, les chefs d’entreprise continuent de tabler sur une hausse de l’activité, qui concernerait l’ensemble des secteurs, à l’exception de la publicité et des services de transports et entreposage.

Enfin, dans le bâtiment, l’activité se replierait dans le gros œuvre comme dans le second œuvre.

Notre indicateur mensuel d’incertitude, construit à partir d’une analyse textuelle des commentaires des entreprises interrogées, évolue peu en mars ; il se stabilise à une valeur proche du double de celle de son niveau moyen pré‑Covid.

Image Indicateur d'incertitude dans les commentaires de l'enquête mensuelle de conjoncture ( EMC)
Indicateur d'incertitude dans les commentaires de l'enquête mensuelle de conjoncture (EMC)

L’opinion sur la situation des carnets de commande dans l’industrie se stabilise au voisinage de sa moyenne sur quinze ans, avec cependant une forte polarisation entre les secteurs dont les carnets de commandes sont jugés bien garnis (automobile, aéronautique, électronique, informatique et optique, habillement) et ceux dont les carnets de commandes sont jugés anormalement bas (agro‑alimentaire, chimie, bois‑papier‑imprimerie, caoutchouc‑plastique). Depuis mi‑2022, la dégradation des carnets dans le bâtiment est exclusivement imputable au gros œuvre, qui pâtit du net recul des ventes de maisons neuves individuelles ; les carnets du second œuvre sont en revanche stables depuis dix mois, en lien avec l’activité de rénovation énergétique.

Image Situation des carnets de commande
Situation des carnets de commandes dans l'industrie et le bâtiment

3. Les difficultés d’approvisionnement continuent de décroître ; la hausse des prix des produits finis ralentit à nouveau

En mars, les difficultés d’approvisionnement diminuent dans l’industrie (30 %, après 33 % en février) et dans le bâtiment (20 %, après 24 %).

Image Part des entreprises indiquant des problèmes d'approvisionnement
Part des entreprises indiquant des difficultés d'approvisionnement

Selon les industriels interrogés, les prix des matières premières ont été globalement stables en mars mais cette stabilité recouvre des évolutions contrastées selon les secteurs : alors que dans l’agro‑alimentaire et l’aéronautique les prix des intrants ont continué de croître à un rythme soutenu, ils se sont significativement contractés dans le caoutchouc‑plastique et le bois‑papier‑imprimerie. Les hausses de prix de produits finis ralentissent également dans l’industrie, mais de façon plus graduelle. Dans le bâtiment, les prix ralentissent vivement, la concurrence s’intensifiant dans un contexte de baisse de la demande. Dans les services, en revanche, les chefs d’entreprise estiment que les prix ont progressé un peu plus vite que le mois précédent.

Image Opinion sur l'évolution des prix
Opinion sur l'évolution des prix par rapport au mois précédent dans l'industrie manufacturière ; Opinion sur l'évolution des prix par rapport au mois précédent

De façon plus détaillée, 22 % des chefs d’entreprise déclarent avoir augmenté leurs prix de vente dans l’industrie ce mois‑ci (contre 44 % un an plus tôt, en mars 2022). Compte tenu du calendrier des négociations des prix entre les enseignes de la grande distribution et les industriels de l’agro‑alimentaire, qui ont lieu chaque année du 1er décembre au 1er mars, cette proportion atteint 52 % dans ce secteur (contre 60 % en mars 2022) en ligne avec les anticipations du mois dernier. Dans le bâtiment, 29 % des entreprises ont augmenté leurs prix ce mois‑ci (54 % en mars 2022). Dans les services, la proportion est plus faible, mais proche de celle observée douze mois plus tôt (19 %, après 22 % en mars 2022). Les perspectives pour avril suggèrent globalement une nouvelle détente dans l’industrie (11 %) et les services marchands (16 %), et une stabilité dans le bâtiment (29 %).

Image Proportion des chefs d'entreprise ayant augmenté leurs prix de vente par grand secteur et sous secteur au mois de mars
Proportion de chefs d'entreprise ayant augmenté leurs prix de vente, par grand secteur ; Proportion de chefs d'entreprise de l'industrie ayant augmenté leurs prix de vente en mars, par sous-secteur

Les chefs d’entreprise ont également été interrogés sur leurs difficultés de recrutement. Après plusieurs mois consécutifs de baisse elles sont stables, autour de 52 % pour l’ensemble des secteurs.

Image Part des entreprises indiquant des difficultés de recrutement
Part des entreprises indiquant des difficultés de recrutement

4. Selon les estimations issues principalement de l’enquête, complétées par d’autres indicateurs, le PIB serait en hausse de 0,2 % au premier trimestre

En dépit d’une hausse de la production dans l’industrie manufacturière, signalée par les chefs d’entreprise dans l’enquête, le secteur industriel dans son ensemble connaîtrait un net repli de la valeur ajoutée sur le mois de mars. Cela serait le fait des sous‑secteurs non manufacturiers, tels que la cokéfaction et le raffinage, la production d’électricité et la gestion des déchets, non couverts par l’enquête mais que nous suivons via des indicateurs à haute fréquence et dont l’activité a notamment été affectée ce mois‑ci par les mouvements sociaux.

Dans son ensemble, la valeur ajoutée du secteur des services marchands serait également en baisse en mars.

La valeur ajoutée dans les services couverts par l’enquête augmenterait en mars, à la fois dans les services aux ménages et les services aux entreprises. Mais les données à haute fréquence que nous suivons à titre de complément pour les secteurs de services non ou partiellement couverts par l’enquête pointent vers une baisse de la valeur ajoutée dans les secteurs du commerce et des services de transports, affectés par les mouvements sociaux.

La construction connaîtrait une hausse de son activité en mars.

Image Variations mensuelles de la valeur ajoutée en France
Variations mensuelles de la valeur ajoutée en France

Les anticipations des entreprises pour avril dans l’enquête suggèrent à ce stade une progression du PIB par rapport à mars, avec de nouveau une situation contrastée suivant les secteurs (recul dans la construction, hausse dans les services et fort rebond dans l’industrie) et un niveau d’incertitude encore élevé entourant cette perspective.

Sur l’ensemble du premier trimestre 2023, la croissance du PIB s’établirait autour de + 0,2 % par rapport au trimestre précédent. Malgré une évolution défavorable en mars, la croissance du PIB serait soutenue sur le trimestre par le dynamisme de l’activité dans l’industrie et les services marchands sur les deux premiers mois de l’année, comme en témoignent les hausses sensibles de l’indice de production industrielle en février et de l’indice de la production dans les services en janvier, publiés récemment par l’Insee.

Image L'impact de la situation énergétique sur l'activité et les marges
L'impact de la situation énergétique sur l'activité et les marges

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